The last waltz …
Seizième hausse consécutive des taux directeurs de la FED depuis deux ans. La banque centrale américaine s’accordera-t-elle un moment de répit en laissant stagner les taux à 5% pour une période encore incertaine ? In fine, le plafond des taux d’intérêt courts américains viendrait-il d’être atteint ?
Si c’était le cas, les investisseurs semblaient délibérément ignorer que la FED a ainsi anéanti les perspectives de soutien technique du dollar, sauf à considérer le niveau très impressionnant des prix des métaux avec une once d’or à plus de 700$ ! Comme dans le même temps, les orientations des autres banques centrales restent clairement restrictives sur leur politique monétaire, les différentiels de rémunérations vont apparaître comme de moins en moins favorables à la devise américaine.
Alors oui, la croissance apparaît solide même en Europe en ce début d’année, particulièrement en Allemagne, mais saura-t-elle le rester dans un environnement concurrentiel moins favorable aux exportations ? Dans le même temps, il n’est pas évident que les résultats excellents des entreprises annoncés soient tenables tant en terme de croissance endogène que de marges. Nous restons confiants sur les marchés européens, uniquement en raison de niveaux de valorisation modérés (13,8 fois les profits estimés pour 2006 et un rendement sur dividende de 3%). Cette relative attractivité reste patente dans l’actualité quotidienne des fusions / acquisitions.
Tout comme l’an dernier, les secteurs des matières premières tirent les indices et masquent des déceptions, dans l’automobile par exemple. Le prix du baril reste particulièrement haut à la fois pour des raisons d’offre déjà explicitées mais aussi par la recrudescence des tensions géopolitiques au Moyen-Orient et en Amérique Latine. Ce qui est remarquable pour l’heure, c’est l’absence ultime d’impact récessif et inflationniste d’un tel choc sur les consommateurs occidentaux. Les augmentations d’utilisation des capacités de production, en liaison avec les prix élevés des matières premières, ont pourtant le potentiel d’accentuer les tensions inflationnistes. La confiance des consommateurs reste un indicateur majeur à ce point du cycle économique car l’effet d’enrichissement par l’immobilier se tarit.
Notre discours global de prudence depuis maintenant deux mois ne trouve sont aboutissement que sur les marchés obligataires où le « conundrum * » semble prendre fin avec une légère repentification de la courbe des taux et également dans le retour d’une volatilité plus grande sur toutes les classes d’actifs. La consolidation n’interviendra sur les marchés d’actions que lorsque la dynamique des liquidités ralentira…
La rotation sectorielle , moins de cycliques et plus de défensives, prend corps dans l’esprit des gérants, alors même que le retard pris par certaines technologiques ou pharmaceutiques étonne. « Stock-picking growth * », voilà la religion du moment ! Mais le vrai pari des allocations de portefeuilles est celui qui tournera prochainement autour de la reprise des marchés d’actions américaines sous contrainte d’effet de change.
La visibilité macro-économique baisse à mesure que les résultats des entreprises surprennent, les marchés poursuivent leur progression à mesure que les taux montent et que le dollar baisse…l’ajustement en cours n’en est que plus salutaire !
• conundrum : énigme , terme utilisé par A Grenspan pour marquer sont étonnement sur le bas niveaux des taux à long terme.
• Stock-picking Growth : achats ciblés de valeurs de croissance
Rédigé pour boursorama banque