Le retour de Malthus
Le Fonds Monétaire International table sur une croissance supérieure à 4% dans le monde cette année, après 5% en 2004, meilleure performance affichée depuis trente ans. Dans le même temps, la forte demande de produits pétroliers, amplifiée pour cause de mauvaise météo, déprime l’économie et augmente l’inflation… Arme politique puissante, les cours du brut bénéficient fort heureusement d’une situation géopolitique redevenue favorable au Proche-Orient.
Or, si la croissance reste soutenue, c’est bel et bien aux populations chinoise, indienne, et d’Europe de l’Est que nous le devons : c’est un aspect positif de la mondialisation des échanges, alors que la BCE a révisé à la baisse ses propres objectifs et que le chômage enfle sur les rives du Rhin.
Face aux déséquilibres de la pyramide des âges américaine, le président de la FED a plaidé pour un retour clair à l’orthodoxie financière aux Etats-Unis. La tenue du dollar et des taux longs est en jeu. La question des retraites et de la couverture maladie est un problème structurel crucial de part et d’autre de l’Atlantique, que nos voisins Allemands ont déjà pris à bras le corps.
A l’instar des seventies, la macro-économie semble se tourner aujourd’hui vers les grands enjeux malthusiens et planétaires que sont la démographie et les ressources naturelles.
Rien à attendre de très positif à court terme, ni sur les taux, ni sur les changes, ni sur la croissance en Euroland ! Comment expliquer alors que les marchés financiers européens soient au zénith depuis trois ans ?
Deux explications simples :
– la prise de conscience tardive des investisseurs qu’une prime de risque trop élevée dans un environnement non concurrentiel pour les actions, justifie une vague d’achats ;
– les résultats financiers excellents des entreprises l’an dernier sur fond de restructurations efficientes, annonciateurs de dividendes élevés.
Nous maintenons dans un tel contexte, notre conviction déjà affichée de la poursuite des opérations financières de tout type pour les mois à venir (Introduction, OPA, OPE, rachat d’actions,…) et une perspective comparativement négative sur les taux et par effet d’entraînement sur l’immobilier. Les petites et moyennes capitalisations sont maintenant chères après un parcours haussier sans faille.
Les enjeux européens de la croissance sont résumés par la dichotomie entre la flexibilité requise des agents économiques privés et la rigidité des politiques publiques. Les tensions nées de la démographie et de la globalisation ne pourront s’apaiser sans une flexibilité plus grande des rouages des Etats d’Europe, les Scandinaves ont commencé… Les gouvernants et décideurs pourront relire avec profit « le chêne et le roseau »…