C’est loin l’Amérique ?….
Comme aimait à le souligner mon aïeul, « la pédagogie, c’est l’art de la répétition ».
Il y a un mois, la conclusion de cette note économique était la suivante :
« Les OPCVM investis sur les marchés émergents, les obligations convertibles et les actions américaines restent d’actualité, et ceci plus encore, si l’on partage le sentiment que le mouvement de baisse du dollar est déjà bien entamé. Mars, dieu de la guerre et mois des giboulées, sera peut-être le mois des décisions et d’un certain retour à la visibilité pour l’investisseur. »
Force est de constater qu’à part la météo, les évènements géopolitiques et de marché nous ont malheureusement donné raison. Les Etats Unis sont entrés en guerre contre l’Irak, ouvrant ainsi la boite de Pandore d’un Proche Orient dont seul l’avenir lointain dira si les dividendes de la paix seront plus forts pour la région que la genèse d’une pépinière à martyrs …
Les marchés financiers ont rebondi significativement sur des points bas de mi-mars anticipant une issue relativement courte du conflit irakien. Les premiers jours de guerre ont cependant révélé l’éloignement théorique américain de la situation diplomatique réelle, en Turquie par exemple.
Il n’est pas inutile non plus, de souligner combien ce conflit ne fait qu’accentuer les difficultés économiques pré-existantes : l’absence de perspectives de croissance , la contraction du commerce mondial et la montée du chômage ont érodé définitivement la confiance des consommateurs, seuls et derniers soutiens de l’activité économique depuis des mois. La lecture des derniers indicateurs économiques de confiance doit cependant s’inscrire dans la prudence Si l’on ajoute la montée d’un péril épidémique sévère, le temps des affaires du monde s’est clairement assombri …
L’arme des taux reste encore d’actualité pour soutenir le moral défaillant des agents économiques. La baisse des taux courts qui devrait intervenir tant en Europe qu’aux Etats Unis dès la fin du conflit amènera temporairement ceux-ci à un niveau réel négatif eu égard aux récentes tensions inflationnistes liées aux prix du pétrole. La probable tension sur les taux à long terme induite, et de la fin du « fly to quality » et des refinancements US, conduira à une pentification notoire de la courbe des taux de part et d’autre de l’Atlantique.
Face à la réalité de « rupture de croissance » de ce deuxième trimestre 2003, l’année entière risque fort de connaître un niveau de croissance très faible, réduisant d’autant les perspectives d’un rebond significatif des marchés, pourtant inscrit dans la faible valorisation historique des sociétés et les liquidités disponibles. Les restructurations structurelles sont en cours dans les entreprises mais difficiles à réaliser par le domaine public dans un tel contexte.
L’essentiel des mauvaises nouvelles décrites plus haut sont dans les cours, ces derniers intègrent désormais un scénario de déflation que nous ne privilégions pas. Ainsi, le rééquilibrage progressif des portefeuilles institutionnels vers les actions est déjà engagé depuis le 13 mars dernier autour des titres cycliques et défensifs, et une fois levées les incertitudes relatives à la durée et aux répercussions du conflit ce mouvement se poursuivra.
Il ne faudrait pas que les particuliers, naturellement traumatisé par trois années boursières noires et une forte volatilité, restent eux à l’écart de ce mouvement. La préférence pour la liquidité dans cet environnement troublé pousse instinctivement l’investisseur privé vers une épargne réglementée dont les rendements réels diminuent alors même que 19 sociétés du CAC40 offrent un rendement immédiat supérieur à 3%…
Ecrit pour boursorama banque